Skip to main content

Niska et l’univers d’un pensionnat autochtone

« On nous enseignait combien nos ancêtres avaient des pratiques barbares, combien nous « sauvages amérindiens » avions massacré nos frères canadiens, mais les enseignants gardaient le silence quant à l’occupation autochtone du territoire ». Alors qu’ils sont là pour raconter l’histoire et faire évoluer le monde, non ?  Comment peut-on supprimer nos racines ?  L’histoire est gravée dans nos mémoires. On peut l’oublier, sans le vouloir, mais pas l’effacer. Parfois, lors de son retour, elle fera mal. Très mal. Elle ravivera des souvenirs douloureux et brisera ce qui restera de beau. Malgré tout, c’est le chemin qu’elle doit prendre pour dénoncer l’injustice et rétablir les faits. Imaginez celui, qui de sa plume, devra raconter cela. Comment peut-on raconter la douleur? Comment peut-on raconter l’atrocité humaine? Dans ce cas, même les mots sont trop puissants. Trop blessants. Trop injustes. Alors, il faut transformer le sens de l’histoire, transformer son imagination, sa douleur apaisée. Étienne Poirier, auteur de romans pour la jeunesse, s’est chargé de cette mission périlleuse, qu’il a rempli avec succès grâce à son roman incroyablement touchant: Niska. Dans cet univers, on ne dénonce pas cette machination explicitement. On utilise l’insouciance d’une jeune enfant pour perpétuer un message puissant et tout simplement magique. Au fil de l’histoire, on comprend peu à peu où le personnage aboutira, tout comme le canot qui le faisait voyager pour arriver à l’arrêt d’autobus, puis, repartir vers le pensionnat. Aujourd’hui, en 2022, nous lisons ce roman sans trop comprendre la douleur de ces personnages, car notre monde a évolué. Mais elle est bien là. Et tout comme l’hiver, elle a fini par partir pour laisser place au printemps, la saison du renouveau, la saison où tout s’épanouit. Le passé est bien gravé, on ne peut pas le changer, mais on peut faire en sorte que le futur se grave autrement…parce que tout comme Niska (bernache), nous sommes libres de prendre notre envol.