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L’homophobie chez les jeunes

La génération Z, pourtant reconnue pour ses avancées en matière d’inclusion et de lutte contre l’homophobie, assiste à une inquiétante montée des idées anti-LGBTQ+. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la vie quotidienne, les discours haineux à l’égard de la communauté sont en hausse.

Faisant moi-même partie de cette communauté, j’ai personnellement été confrontée à la discrimination à l’école. Malgré les initiatives éducatives sur la sexualité et l’ouverture d’esprit faites par mon école, les tensions sont palpables. Lorsque j’en parle avec mes camarades, j’entends souvent des réflexions du type : « Les gays prennent trop de place. » Pour certains, un drapeau arc-en-ciel dans les rues de Montréal ou une discussion sur le respect des autres est perçu comme une nuisance. Les efforts visant à lutter contre la discrimination sont jugés excessifs. Quant à moi, je suis souvent perçue comme une exception. Lorsque des camarades apprennent ma sexualité, j’entends fréquemment des remarques comme : « Ça ne paraît pas. » ou « Mais toi, ce n’est pas ta seule personnalité. »

Je ne me sens pas en danger à l’école, mais je vis souvent des moments inconfortables. Les garçons n’hésitent pas à s’insulter entre eux en utilisant des termes homophobes comme « fif ». Combiné à la montée des discours haineux sur les réseaux sociaux, tout cela crée un climat pesant.

Je ne suis malheureusement pas la seule à constater ce phénomène. Mylène de Repentigny-Corbeil, coprésidente du Conseil québécois LGBTQ+ et directrice générale de l’organisme Les 3sexes, souligne l’ampleur du problème : « Les organismes membres du Conseil québécois LGBTQ+ rapportent des perturbations et des insultes proférées lors d’ateliers de sensibilisation dans les écoles. » Marie Houzeau, directrice générale du GRIS-Montréal, observe la même tendance : « Le climat est plus tendu, certaines questions sont posées de manière plus agressive, certaines ne sont même plus des questions, mais des commentaires hostiles. » Je le constate moi-même. C’est frustrant et décevant de voir les progrès des dernières années être presque effacés, une vidéo TikTok masculiniste à la fois.

D’où vient cette montée de messages haineux ?

Je suis la première à hésiter à le dire, mais oui, ce sont les réseaux sociaux. Avec leurs algorithmes remplis de contenus polarisant, ils constituent un terrain idéal pour nous influencer, les jeunes en plein développement. C’est effrayant, mais réel. Sur Instagram, par exemple, on observe une discrimination algorithmique : les garçons sont plus susceptibles de voir du contenu haineux. Ces chambres d’écho sont particulièrement inquiétantes, car elles emprisonnent leurs utilisateurs dans une boucle de radicalisation. Ainsi, des jeunes de 13 ans se retrouvent avec un fil d’actualité rempli de discours homophobes, misogynes et transphobes, qu’ils finissent par intérioriser. Simon Gamache, directeur général de Fierté Montréal, confirme : « Les réseaux sociaux ont amplifié tout cela. »

Le problème ne s’arrête pas là. Ces idées se propagent comme un feu de forêt, et certains politiciens en sont les premiers responsables. Lorsque des figures d’autorité tiennent des discours intolérants, « cela donne le ton de ce qui est acceptable ou non, de ce qui mène au succès ou à l’échec », explique encore une fois Marie Houzeau.

Par ailleurs, les valeurs traditionnelles, souvent mises en avant par les communautés masculinistes, s’accompagnent d’un regain d’ardeur religieuse. Le christianisme refait surface dans certaines sphères conservatrices, et selon le Wall Street Journal, les ventes de Bibles auraient augmenté de 22 % aux États-Unis depuis l’année dernière. Malheureusement, cette renaissance du christianisme est parfois associée à des pensées misogynes et anti-LGBTQ+.

Quelles solutions face à ce problème croissant ?

Pour contrer cette montée de l’homophobie, plusieurs solutions doivent être mises en place :

D’abord, l’éducation et la sensibilisation sont essentielles. Il est crucial de soutenir des organismes tels que Fierté Montréal, GRIS-Montréal et Les 3sexes, qui travaillent activement à promouvoir l’inclusion et à informer les jeunes sur les réalités des personnes LGBTQ+ dans les écoles de la Montérégie.

Ensuite, il faut renforcer les sanctions contre les actes de discrimination et de violence dans les écoles. La tolérance zéro doit être appliquée pour garantir un environnement sécuritaire à tous les élèves, comme l’a souligné Bernard Drainville, le ministre de l’Éducation. Même s’ils ont le droit de ne pas adhérer à la diversité sexuelle, cela ne doit pas mener à un climat d’intolérance.

Enfin, un meilleur accompagnement des jeunes LGBTQ+ est nécessaire, parce qu’avec cette augmentation de discrimination, c’est aussi une hausse de détresse psychologique. Effectivement l’organisme Interligne a vu une hausse des appels à propos du suicide de 15 %, dont 8 % concernant de l’homophobie et de 29 % pour de la transphobie. Il est primordial d’offrir davantage de ressources dans les écoles et les centres communautaires afin qu’ils puissent trouver du soutien et un ‘’safe-space’’, un espace où ils se sentent acceptés.

Face à cette montée de l’homophobie, il est crucial de réagir en tant que société. L’inclusion ne doit pas être perçue comme une menace, mais comme un enrichissement collectif. Notre lutte continue, et elle passe par l’éducation et la mobilisation citoyenne.

Bibliographie

Daphné B. «Christianisme sauce internet.» La Presse Canadienne, 12 Janvier 2025.

Daphnée Dion-Viens et Kevin Crane-Desmarais. «Un recul de 20 ans»: montée inquiétante de l’homophobie dans les écoles secondaires.» Le journal de Québec, 16 Janvier 2025.

Katrine Desautels. «La majorité des personnes LBGTQ+ ont peur de voir un recul de leurs droits.» La Presse Canadienne, 11 Mars 2025.

Léa Beaulieu-Kratchanov. «Montée de l’homophobie : que se passe-t-il dans les écoles?» Pivot, 30 Janvier 2025.

Image provenant d’ Ici.radio.canada.ca