Je vous invite à lire le texte touchant d’une élève de deuxième secondaire, Kloé Lafrenière, qui a été rédigé en classe de français. Les élèves devaient écrire un récit psychologique sur un enfant de la guerre. Kloé a su judicieusement utiliser la répétition stylistique. Voyez à gauche la photo qui a inspiré cette élève. 

Bonne lecture!

Marjorie Tremblay

Je m’enfuis de ma vie, ma vie qui était pourtant joyeuse et tranquille. Maintenant, c’est du passé. Je n’ai plus le droit à cette réalité, qui était rendue du quotidien jusqu’à un lundi matin. Je me suis réveillée lovée contre mon frère, mais mon père avait disparu et ma mère pleurait à chaudes larmes. Mon petit frère se demandait ce qu’il se passait, moi aussi d’ailleurs. Mais où sont mes vêtements, où sont les secours ?

Je me sentais si impuissante comme si des chaines me retenaient chez moi. Sans mon père, je devais faire les corvées ; aller chercher de l’eau si j’en trouvais. Ma mère m’a raconté que mon oncle avait besoin de lui. Mon supposé oncle qui avait réquisitionné notre maison. Mais où est mon père, où sont les secours ?

Je ne crois pas ma mère, je ne savais même pas que j’avais un oncle. Ma maman dit qu’il a une allure de paon. Plus les jours passent, moins j’ai espoir en ce que je vais devenir. Chaque jour, je sors dehors avec mon petit frère Rafa sur mon dos. La semaine dernière, j’ai perdu mes voisins. Les deux, un couple d’environ trente ans sont morts. J’ai aperçu leur garçon, impuissant et si triste, qui enlevait les parois de leur maison tombées sur nos voisins. Mais où mon voisin orphelin ira, où sont les secours ?

Vivre dans cette ville me déprime. Je ne sais pas combien de temps je vais encore pouvoir vivre ici. Je me cache dans les fossés en essayant de ne pas me faire apercevoir par les méchants. Ma mère qui était restée dans la maison ce matin. Je suis allée prendre une marche avec Rafa en me cachant derrière la digue. Dès que je suis retournée dans ma cachette singulière, un bruit sourd m’a fait sortir de ma cachette. Effrayés, mon frère et moi nous sommes regardés. J’étais en mode survie, comme un chien.  Mais d’où venait ce bruit, où sont les secours ?

Après quelques minutes, je marchais silencieusement avec mon frère sur mon dos, comme toujours. J’ai peur maman. J’ai peur papa. Qu’est-ce qu’il arrive ? Je ne veux plus vivre ici, je suis tannée. De retour dans la ville maintenant détruite, j’essaye de trouver ma maison paternelle. Mais où est ma maison, où sont les secours ?

Maman, je te vois. Mais, tu ne me vois plus. Mon frère pleure et moi aussi, sans gêne. Quelque chose est tombé du ciel sur notre maison. Tu es étendue sur le sol dans la cuisine. Tu es recouverte de sang et tu ne respires plus. Je suis sans mots et Rafa comprend ce qu’il arrive. J’aurais aimé qu’il ne comprenne pas et qu’il reste un enfant joyeux, mais ce n’est plus le cas. Qu’est-ce que je fais ? Les vautours prennent des morceaux de chair en lambeaux. Mais où sont les secours ?

Je m’appelle Kimia. J’avais une vie paisible. Aujourd’hui, je m’enfuis avec Rafa, mon frère de 4 ans. J’ai 8 ans et ce n’est pas la vie que j’aurais voulue.