Les textes des cinq participants
Pour une deuxième année consécutive, des jeunes du Collège auraient dû participer au concours d’art oratoire Jeunes d’aujourd’hui. L’organisme « Jeunes d’Aujourd’hui » veut donner la parole à la relève pour qu’elle développe son esprit critique et qu’elle raconte son histoire. La finale-école, qui déterminerait les deux élèves se rendant à la grande finale, devait avoir lieu le 8 avril dernier.
Vidéo récapitulative – 1re finale québécoise, avril 2019
«Le travail allait bon train cette année: les textes étaient rédigés et mémorisés. Nous en étions à l’entrainement à l’art oratoire avant le début du confinement», mentionne Nathalie Duchesne, enseignante de français. Étant donné la situation actuelle, qui oblige l’annulation des rassemblements, les organisateurs du concours permettront aux finissants de cette année de concourir l’an prochain, bien qu’ils soient rendus au cégep à ce moment. Il est évident qu’une grande déception accompagna la nouvelle, par contre, ce n’est que partie remise.
Les élèves ont généreusement accepté de publier leur texte, et deux participants vous parlent de leur expérience. Ces écrits, destinés à être déclamés, vous donneront un aperçu de ce qui vous attend lors de la finale-école de 2021 si les élèves acceptent de reporter leur prestation.
1er texte
Par Dorothée Gravel-St-Amour
Et si l’on criait ?
CRIONS PLUS FORT POUR QUE PERSONNE NE NOUS IGNORE !
CRIONS PLUS FORT POUR QUE PERSONNE NE NOUS IGNORE !
Une phrase criée dans différentes langues, partout dans le monde. Une phrase hurlée dans les rues par les jeunes depuis presque un an tous les vendredis. Une phrase synonyme d’urgence, de changements et de volonté.
1, 2 et 3 degrés. C’est un crime contre l’humanité !
Ce n’est pas d’hier que les scientifiques nous alertent face aux changements climatiques. Faisons un petit parallèle cinématographique pour illustrer l’ironie de la situation, car pour une rare fois la réalité rattrape la fiction. Comme dans tout bon film de fin du monde, les scientifiques alertent la population face aux dangers des changements climatiques. Les gens croient que jamais de telles catastrophes ne pourraient arriver. Quelques années plus tard, l’humanité souffre à cause de ces dangers qui ont finalement lieu. Ressemblance avec aujourd’hui ? Oui. Moi qui normalement déteste les films de science-fiction à cause de leur exagération, je dois dire que pour une fois, ils ont malheureusement raison. Pendant ce temps, dans ma tête comme dans celle de millions d’autres humains, l’alarme de la dernière chance hurle à tue-tête de plus en plus fort…
Sau Sau Sau SAUVONS LA PLANÈTE !
Si nous ne changeons pas nos habitudes de vie assez rapidement, il y aura de lourdes conséquences irréversibles sur l’ensemble du globe. Si la température moyenne de la Terre augmente encore, nos habitudes de vies seront à jamais modifiées. Si nous continuons sur cette lancée, des phénomènes météorologiques meurtriers deviendront monnaie courante : feux de forêt, canicule, inondations, ouragans… Cet avenir, bien que pessimiste, pourrait devenir notre réalité. Réalité qui est mon pire cauchemar, notre pire cauchemar. Ce sera mon pire cauchemar, car je pense à mes enfants. Même s’ils ne sont pas encore au monde, je pense à eux. J’imagine ce dépotoir à ciel ouvert dans lequel ils seront condamnés à vivre. Je veux qu’ils puissent aller jouer dehors dans la neige encore existante. J’espère que l’Amazonie, l’Arctique, les lions ou les ours polaires ne se trouveront pas seulement en photos dans leurs livres d’histoire. Je ne veux pas avoir à leur expliquer l’horrible fatalité de notre monde : nous n’avons pas réagi assez rapidement et ce sont eux qui en payent le prix.
ON EST PLUS CHAUD, PLUS CHAUD, PLUS CHAUD QUE LE CLIMAT !
Selon moi, nous, jeunes d’aujourd’hui, avons un immense pouvoir sur cet enjeu planétaire, car c’est de notre terre qu’il est question. Seulement, demander des changements trop radicaux aux gouvernements c’est se tirer une balle dans le pied, car certains n’en font pas. Lors de la marche pour le climat, j’ai vu des personnes que je qualifierais de « touristes ». Ces individus irresponsables marchaient pour l’environnement avec un hamburger du McDonald’s fait de manière industrielle dans la main gauche et un café glacé de chez Starbucks dans une tasse non réutilisable dans la droite. Trouvez l’erreur…
C’est simple. Si nous voulons nous faire écouter par nos gouvernements, nous devons montrer l’exemple. Par contre, les gros changements ne viendront pas immédiatement. Pendant ce temps, nous sommes capables de faire des gestes qui peuvent faire une différence dans la vie de tous les jours. Faire quoi me direz-vous ? Devenir végétalien ? Pas nécessairement, il existe d’autres façons moins «radicales» : acheter usagé, faire du compost ou juste marcher pour se rendre au dépanneur au lieu de brûler du pétrole dans un moteur. J’ai chialé contre certaines personnes présentes lors de la manifestation, mais la majorité des gens étaient là pour la bonne cause : pour notre planète. Durant un court instant, j’ai parlé à des gens que je n’avais jamais vus de ma vie. Nous nous sommes souri le temps d’un slogan, le temps de crier aux changements. Noyée dans ce courant de rébellion, je dois avouer que pour une première fois, j’ai eu foi en mon futur…
Enfin, j’ai confiance en notre génération, si ensemble encore plus fort nous crions, nous pouvons modifier la société pour qu’elle fasse bouger les choses. Mettez-vous debout, mettons-nous debout, affichons nos couleurs et nos valeurs ! Soyons des jeunes grands et fiers ! Soyons la jeunesse d’aujourd’hui et aidons celle de demain en bousculant celle d’hier. Je suis une jeune d’aujourd’hui et je me soucis de notre avenir sur Terre.
L’expérience de Dorothée Gravel-St-Amour
2e texte
Par Mikaël Lavallée Gravel
3e texte
Par Olivier Charest
Le concours d’arts oratoires Jeunes d’Aujourd’hui est certainement une expérience exceptionnelle que je recommande (même si je n’ai pas pu parvenir jusqu’au concours à proprement dit étant donné le confinement actuel). C’est, selon moi, l’occasion pour tous d’exprimer leurs joies, leurs craintes, leurs peurs, de raconter leur histoire ou celle d’un autre et bien plus encore, car les restrictions sont peu nombreuses. J’ai personnellement choisi de m’exprimer concernant la crise climatique que nous vivons tous, sans pour autant agir à l’unisson. Ce sujet ne me touche pas plus que quiconque, mais j’en ai fait l’une de mes priorités dans la vie de tous les jours, car j’ai eu l’occasion d’être exposé aux conséquences de cette crise ET aux solutions, car il ne suffit pas d’insuffler la peur pour créer un mouvement ; il faut également donner de l’espoir. Par ce texte, j’espère vous fournir une dose d’espoir et vous donner la chance de vous joindre à nous dans la lutte contre cette crise. Bonne lecture !
L’humanité est en train de vivre une crise climatique. Les récifs coralliens meurent, les forêts brûlent, les espèces s’éteignent par milliers et, dans cette crise, nous n’incluons même pas les déversements chimiques, les milliards de livres de déchets jetés à l’eau et les milliards de tonnes de plastiques déjà créées. Plusieurs disent que c’est irréversible. Qu’on n’y peut rien. Malgré le nombre de réfugiés climatiques estimé à 280 millions dans les scénarios les plus optimistes, moi, je crois que c’est possible de renverser la vapeur.
Les manifestations ayant pour but de faire agir les gouvernements sont loin d’être inutiles, mais, sans défendre l’inaction de ces derniers, seulement environ 30% des émissions de gaz à effet de serre proviennent d’actions directes du gouvernement. Les 70% restants proviennent de la population. Vous avez un impact. Nous avons un impact. Il est temps d’agir, mais comment ? Là est la question.
La réponse est simple : changeons notre alimentation. Changeons nos modes de transport. Changeons notre mode de vie.
27% du CO2 émis annuellement provient de l’élevage animal. Idéalement, c’est là que l’on doit changer. En plus de polluer, l’élevage animal nécessite beaucoup d’espace et de champs où pousse du soja que nous pourrions consommer si nous cessions cet élevage. De ce fait, nous pourrions nourrir 3,5 milliards de personnes de plus si tout le monde sur Terre était végétalien.
Il y a plusieurs raisons de devenir végétarien et encore plus de devenir végétalien. Le problème, c’est que les gens disent apprécier beaucoup trop leur steak pour s’en passer. Je n’ai qu’une chose à leur répondre : ce n’est que dans votre tête. Vous décidez si vous aimez quelque chose ou pas. Si vous voulez aimer le tofu, qui, soit dit en passant messieurs, ne réduit pas votre taux de testostérone à la suite de sa consommation, vous aimerez le tofu. Également, si c’est seulement le poulet, par exemple, qui vous retient d’être végétarien, coupez dans tout le reste et devenez végétarien à l’exception du poulet ! Ce sera un pas de plus dans la bonne direction.
Si j’avais un seul conseil à vous donner pour vous inciter à faire la transition, ce serait de voir votre nourriture mourir. À la place d’un gros steak avec de la sauce au poivre, voyez le bœuf. À la place de voir des tranches de bacon, voyez le cochon. Imaginez avoir votre animal de compagnie dans votre assiette. Le mangeriez-vous ? Sûrement pas. Et pourtant, vous mangeriez le cochon, qui n’a pas moins d’émotions que votre animal de compagnie, sans aucune hésitation.
En plus de participer grandement au mouvement de préservation de la planète et de ne pas tuer d’animaux, les végétariens et végétaliens sont généralement en meilleure santé, vont moins souvent chez le médecin et vivent plus longtemps. Bref, vous n’avez plus aucune raison de rejeter ces modes d’alimentation.
Un autre geste que vous pourriez poser quotidiennement serait de plus regarder la composition de ce que vous mangez. Tout ce qui est huile de palme, huile de palmiste, palmitate de sodium et plusieurs autres sont des ingrédients excessivement nocifs pour l’environnement, car il faut raser des forêts entières en échange de seulement quelques arbres pour les produire. Tout cela peut paraître anodin, mais, à l’heure actuelle, 90% des forêts des pays producteurs d’huile de palme sont rasées. En évitant ces ingrédients, vous agissez contre la coupe de ces arbres et vous aidez en même temps votre santé, car leur consommation augmente le risque d’obésité, d’artères bouchées, de crises cardiaques et bien plus encore.
Vous pouvez également modifier quel moyen de transport vous utilisez quotidiennement. Par exemple, s’il vous est possible de prendre l’autobus à la place de votre voiture pour vous rendre à votre travail, en plus de sauver de l’argent, vous pourriez réduire les émissions de CO2 de ce déplacement de 50% et si vous le faites en train, de 88%. Comme quoi petit changement ne rime pas nécessairement avec petit impact !
Vous pouvez aussi surveiller la quantité de plastique que vous utilisez, faire du covoiturage, couper certaines viandes ou certains produits laitiers de votre alimentation, éviter les achats inutiles et tellement plus!
J’aimerais que ce soir, chacun de nous fasse un changement dans son mode de vie pour aider la planète, parce que chaque petit geste compte et que si les 7,7 milliards de personnes que nous sommes sur Terre posaient des actions concrètes en ce sens, la crise climatique serait renversée.
Que ce soit le végétalisme, le végétarisme ou la réduction de votre consommation de viande ou de plastique, vos gestes ont un impact beaucoup plus important que vous pourriez le croire. Si nous agissons tous en ce sens, j’aurai eu raison de croire que tout n’était pas perdu. Allez ! Il est temps d’agir.
4e texte
Par Émile Boulanger
Avant de commencer, j’aimerais souligner notre présence sur un territoire iroquoien et mohawk non cédé.
Bonjour à vous, chers consommateurs, contribuables, travailleurs, et, accessoirement, public.
Mon discours se résume par une simple question. Mesdames, Messieurs, où s’en va le monde?
Premièrement, il faut connaître son état actuel. La majorité d’entre nous devra convenir que notre milieu de vie n’est pas des plus hostiles. Mais qu’en est-il des autres? Si l’on porte notre regard au-dessus du garde-fou, si le bulletin de TVA oublie de ne traiter que d’hommes blancs, que voit-on et qu’entend-on? Il faut ouvrir les yeux, ce monde n’est pas tout à fait rose. La vie des gens comme vous et moi a atteint un niveau de confort sans précédent dans l’histoire de l’homme, alors que pour la moitié de l’humanité, la vie est un calvaire. Tenez, prenez un petit geste anodin, votre café au Tim Hortons le matin. Deux petits dollars qui sortent de votre portefeuille bien garni. Pendant ce temps, sur la même terre, 3 milliards d’êtres humains vivent avec moins de deux dollars par jour. Sur le continent africain, 350 millions d’humains sont gravement sous-alimentés. C’est une pauvreté sanglante, une horreur sans nom que nous côtoyons en aveugles, et qui croît sans cesse. Entre 2010 et 2015, les possessions de ces 3 milliards de pauvres ont chuté de 44%. La qualité de vie de l’élite mondiale s’améliore au même rythme. Vous et moi nous régalons chaque jour de délicieux fruits du Guatemala, un pays où meurent de faim environ 100 000 enfants par an. Là-bas, 90% des agriculteurs exploitent des lopins d’une taille dérisoire. 67% de la terre est détenue par une poignée de compagnies alimentaires. Dont vous êtes les consommateurs. Dole. Del Monte. Unilever. Des profits faramineux, avec la terre de Guatémaltèques affamés, pour le bonheur de votre petit-déjeuner. Victor Hugo a dit : « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches. » Vous êtes les riches, profitez bien du paradis, car seul le hasard de la naissance vous sépare des victimes. Au seul nom du profit, pour le salut de notre sainte société de consommation dont personne ne questionne l’absurdité absolue, nous avons créé les plus grandes inégalités que le monde ait connues, tué des millions d’hommes et de femmes, et endommagé notre Terre au point que même notre espèce est menacée d’extinction. Saluons le capitalisme, froide machine assoiffée, vile, destructrice, gouvernée par l’invisible main du marché, marionnettiste de nos existences, qui réduit en pantin idiot le consommateur, tue à la tâche le producteur esclave, et concentre sans faiblir le pouvoir aux mains du plus petit nombre d’humains.
À cet ordre cannibale, nous contribuons tous grandement. Nos décisions égocentriques et irréfléchies sonnent le glas du tiers-monde. Nous avons intégré le mode de fonctionnement capitaliste au point où nous n’y voyons point d’alternative. Heureuses victimes, nous cédons à la publicité, à l’appel du luxe ridicule, à notre prétendu « bien-être » purement matériel. En effet, nos bananes, à bas prix, en hiver, c’est notre droit. Et ici, le droit à la banane d’un riche est plus puissant que le droit à la vie d’un pauvre. Le Guatémaltèque n’est qu’un pion, et vous êtes un acteur de pouvoir, par votre capital et votre teint de peau. Vous dépensez abondamment sans penser à ceux qui doivent vivre, survivre, avec l’argent de votre café commercial préféré. Vous, par vos bananes et vos cafés, vos maisons énergivores et vos chars de l’année, vous êtes les moteurs de la pauvreté.
Mais il y a des optimistes, des environnementalistes qui se voient révolutionnaires. Tout comme Marx prévoyait au 19e siècle que le capitalisme s’autodétruirait sous peu, beaucoup croient qu’il y aura finalement un réveil. Je suis persuadé que non. L’argent s’est toujours mangé et se mangera toujours. Comme le chante Leonard Cohen dans Everybody Knows : « La partie est jouée d’avance. Les pauvres restent pauvres et les riches s’enrichissent. » Ça restera ainsi, parce que la mondialisation ne nous a pas ouvert les yeux, parce que chacun d’entre nous souscrit à ce mode de vie malsain, à cet égocentrisme et à cette ignorance volontaire. Parce que notre monde va bien. Mais nous détenons le pouvoir de briser le cycle du capitalisme destructeur. Pourtant, je peux parier sans crainte que nous ne le ferons pas. Et que les générations suivantes ne le feront pas non plus. Et nous tous adhérerons à cet ordre meurtrier qui vous favorise. Les voix des souffrants seront tues. Nous ne changerons pas le monde.
Vous vous attendez peut-être à ce que je termine mon discours sur une belle touche d’espoir, mais je n’en ai aucun. Ah, et une dernière chose : durant mon plaidoyer, 125 êtres humains, dont 60 enfants de moins de 10 ans, sont morts en raison de malnutrition. Et aucun de nous n’y fera rien.
5e texte
Par Olivier Picard
L’indécision qui coule à flots
Ma rivière intérieure est pleine, remplie et finit par déborder. Cette rivière ne contient pas de pierres ni d’algues, elle contient des difficultés. Un ruisseau d’indécision m’habite, il me possède, persévérer est la meilleure façon de détruire le barrage des choix difficiles. C’est décourageant : l’année prochaine, c’est la dernière année du secondaire, je vais devoir choisir quel métier je souhaite pratiquer pour les 40 prochaines années. Les études, des heures à passer dans un auditorium avec un professeur qui a une haleine de café qu’on peut sentir à des kilomètres.
J’ai des choix à faire, mais je ne sais pas comment choisir. Ça me rend triste, déçu.
Comment vais-je trouver un cap à ma vie si j’ai de la difficulté à choisir si je veux de la mayonnaise ou de la margarine dans mon sandwich ? La société est pareille à un sandwich, elle nous met tellement de pression. La pression continuelle de faire des choix: « Olivier, t’as pas encore choisi ce que tu veux faire dans vie, ça commence à urger ! » J’en ai assez ! Je vais décider le métier que je veux faire quand je vais le vouloir. Je me demande souvent : comment serait la vie si elle était déjà balisée rouge et vert telles les bouées d’un chenal ? Ce serait un rêve devenu réalité, mais non ça ne fonctionne pas comme ça. DÉCEPTION. Une déception de plus qui ne fait qu’accentuer le courant de mon ruisseau d’indécision. Celle-ci pèse des tonnes, elle est plus lourde que des pierres massives dans de gigantesques rivières.
L’autre jour je pensais avoir trouvé une solution à mon problème, des idées de carrière fantastiques. Acteur, infirmier, scénariste…Non! Après deux minutes, je me suis vite rendu compte que ce n’était qu’une idée et rien de plus. Je me suis trouvé devant une impasse grandissante, un mur de trois mille pieds de haut, ça m’effraie, je suis transi jusqu’aux os. DÉCEPTION. Le revoilà, ce sentiment de ne pas savoir comment faire un choix éclairé.
D’un air nostalgique, je me suis retourné vers une ancienne préoccupation de ma jeunesse : pourquoi lorsqu’ on verse de l’eau sur de l’asphalte, elle dévie dans une seule direction à la fois ? Je ressens ma rivière qui s’assèche, qui rigole de gauche à droite. Je préfère les pierres qui font dévier mon ruisseau que les bios de bois qui le bloque. Comment vais-je choisir ? Je ne suis pas un plancton, je veux faire de grandes choses dans la vie, je veux foncer tel un requin blanc. Mais, moi, je ne suis qu’une tortue, je recule plus que j’avance. DÉCEPTION. Une fois de plus, je suis déçu, déçu de moi-même, déçu de mon indécision constante. Cette émotion a donné naissance à mon ennemi juré, l’échec. L’échec fait que mon courant divague de tous les sens, toutes les semaines, tous les mois! Un courant en partie causé par une matière redoutable, les mathématiques. Je crois sérieusement que cette matière n’est qu’un galet qui ne ricoche pas, une roche dans mon soulier. Il n’y a rien de plus désespérant que les trente dernières minutes d’un cours de math un jeudredi dernière période. Cité du dictionnaire urbain : jeudredi, considéré comme le jeudi de la classique semaine où il n’y a pas d’école le vendredi, mais une pédagogique. Rendu à ce moment-là, gribouiller sur le bureau est énormément plus constructif!
Les échecs s’accumulent à tous les exams de math, chaque fois que la prof nomme mon nom je lève les sourcils, marche en direction d’elle. Son regard me fusille, il me transperce. Je regarde ma copie, je ressens un soudain pincement à la poitrine. Je m’assois à mon bureau respectif et je deviens aussi muet qu’une carpe. Je n’ai aucun gilet de sauvetage pour me retenir de crouler sous mes échecs lamentables. Une main se tend vers moi, j’essaie de la saisir, mais elle est trop loin.
DÉCEPTION
Encore! Mon ruisseau déborde ! Je comprends bien le fait d’être déçu, mais il y a bien des limites. Je ne fais que mouiller mon petit orteil, interdiction de nager et je me noie davantage. Pourtant je suis bon nageur, bon moniteur et excellent sauveteur, mais ça ne me sert à rien. Je me noie, je coule, je me meurs, je suffoque! Aidez-moi, quelqu’un! Il n’y a plus aucune bulle de CO2 qui s’échappe de ma cavité orale. Je tombe et me fais attirer dans les profondeurs de l’océan telle une épave abandonnée.