
Gouverner autrement
Mandy Gull-Masty dans une photo pour le «2024 Conservation Visionary Awards»
Une nomination historique
À la suite des élections fédérales du mois dernier, Mandy Gull-Masty a été nommée ministre des Services aux Autochtones, dans le nouveau Conseil des ministres formé par le premier ministre récemment élu, Mark Carney. C’est un moment historique, puisqu’elle est la première personne autochtone à occuper ce poste au sein du gouvernement fédéral canadien. Pourtant, ce n’est pas la première fois que Gull-Masty repousse les limites imposées par le système patriarcal en politique. De 2021 à 2025, elle a été la grande cheffe du Grand Conseil des Cris du Québec, devenant la première femme à occuper cette fonction. Plus récemment, elle fut élue députée de la circonscription d’Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou, lors des élections fédérales du 28 avril 2025. Gull-Masty incarne une avancée significative vers un gouvernement canadien plus représentatif et inclusif, qui reflète le poids croissant des voix autochtones dans les politiques d’ici. Historiquement, ces voix ont été trop souvent ignorées, comme lors de la crise d’Oka ou de la construction de pipelines sans le consentement des Premières Nations.
Photo provenant de CBC, prise par Olivia Stefanovich.
Sur cette affiche dans la communauté de Neskantaga, en Ontario, on peut lire:
«Nous voulons des actions. Les morts, ça suffit. Plus de promesses rompues. L’eau c’est la vie.»
En 2015, Justin Trudeau avait promis d’éliminer les avis d’ébullition d’eau à long terme dans toutes les réserves autochtones d’ici mars 2021. Pourtant encore aujourd’hui, en mai 2025, plusieurs communautés n’ont toujours pas accès à de l’eau potable de façon sécuritaire. Certaines vivent même sous avis d’ébullition depuis plus de 25 ans; une situation qui viole clairement l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés (concernant le droit à la santé et à la dignité). D’ailleurs, en 2021, le gouvernement a adopté une loi intégrant l’UNDRIP, qui promettait de respecter le consentement des nations autochtones. Toutefois, des projets comme le pipeline Coastal Gaslink ont été menés, et ce, malgré l’opposition des chefs héréditaires Wet’suwet’en, illustrant, encore une fois, l’incohérence entre les lois adoptées et les actions sur le terrain.
Des problèmes persistants
Les logements inadéquats, le manque de soins de santé adaptés, la surreprésentation des Autochtones dans les systèmes judiciaire et carcéral et l’accès inégal à l’eau potable demeurent des problèmes urgents pour les nations autochtones du Canada. Ces enjeux maintiennent une source de tension constante entre les Premières Nations et le gouvernement fédéral.
Le chef libéral Mark Carney qui donne une conférence de presse à Trois-Rivières, le 22 avril 2025. Photo provenant de la Presse canadienne / prise par Sean Kilpartick
Les promesses électorales des libéraux
Marc Carney promet un investissement de 5 milliards dans le Fonds nationaux des corridors commerciaux (FNCC), qui permettraient de développer des connections avec les territoires autochtones canadiens (des ports, des aéroports, des autoroutes, etc.) dans le but de créer un lien économique plus fort avec ceux-ci. Également, un réseau électrique dans ce territoire serait agrandit pour entourer ces réserves. Ces constructions seraient mises en place avec la participation des communautés autochtones environnantes. Ensuite, 140 millions de dollars seront réquisitionnés afin de rénover et construire les bâtiments des communautés. Une partie sera également investi dans le Programme de garantie et de prêt autochtone (CDEV). Ce programme permet aux membres des communautés autochtones d’accéder à des capitaux afin d’accélérer la réconciliation économique avec les autochtones. Les libéraux ont également promis de déposer un nouveau projet de loi sur l’eau potable pour les premières nations. Ils dénoncent la qualité de l’eau très basse dans une trentaine de communautés autochtones. Marc Carney prévoit mettre en place une commission de l’eau des Premières Nations pour s’assurer que les communautés aient enfin accès à de l’eau potable. Celle-ci permettrait de mettre en place des infrastructures maintenant les avis d’ébullition levée.
La porte est ouverte pour la co-gouvernance
L’entrée de Mandy Gull-Masty en tant que ministre des Affaires autochtones représente un pas de plus dans la longue marche vers un système politique respectueux des droits des Premières Nations, Inuits et Métis. Pourtant, pour que cette avancée soit réelle, il faudra que les actions du gouvernement suivent les paroles des politiciens. Alors, M. Carney, allez-vous transformer vos engagements en gestes concrets et durables, ou bien vos promesses vont-elles rejoindre celles oubliées par Justin Trudeau ?
Ressources
https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/2159306/elections-federalespartis-plateformes-autochtones
https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2025-05-13/ministre-des-services-aux-autochtones/mandy-gull-masty-devient-la-premiere-autochtone-a-occuper-ce-role.php
https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2025-05-13/ministre-des-services-aux-autochtones/mandy-gull-masty-devient-la-premiere-autochtone-a-occuper-ce-role.php
https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/2164735/conseil-ministres-mark-carney-autochtones-gull-masty-buckley
https://ici.radio-canada.ca/info/long-format/2142650/elections-federales-priorites-enjeux-realites-apn
https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/ian-lafreniere-devient-ministre-responsable-des-affaires-autochtones
https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/2159306/elections-federalespartis-plateformes-autochtones
https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/2161408/plc-carney-promesses-autochtones-eau-infrastructures