Le secret de la lumière éternelle
Création littéraire
Roxanne Labarre
Il y a très longtemps, dans un petit village reclus, une légende venait aux lèvres des séniors à la fin de tous les étés. Selon eux, si quelqu’un parvenait à atteindre le centre de la forêt adjacente, la personne y rencontrerait une dame. Cette femme rendait supposément l’accès à sa demeure difficile. Toutefois, si un individu parvenait à s’y rendre, elle serait dans l’obligation de lui remettre le secret de la lumière éternelle. Plusieurs avaient tenté le périple, mais en vain. Personne n’était jamais parvenu à ramener le secret à temps pour l’hiver et ses longues nuits sombres.
Un jour d’été, un jeune adulte du village décida qu’il tenterait sa chance. Il avertit sa famille de son départ imminent.
– Il en est hors de question, tonna son père. La quête, celle d’aller trouver la lumière éternelle, est noble, mais les risques sont trop grands. Comment survivras-tu à ce voyage?
– De quels risques parlez-vous, père?
– Une partie de la légende est généralement omise, lorsque vos aïeuls vous la content. La forêt serait hantée par tous ceux qui auraient échoué.
– Père, s’il s’agit de la vérité, alors vous pouvez être certains, mère et vous, que je réussirai.
Sur ce, il embrassa ses parents, prit les quelques effets qu’il avait préparés et quitta sa maison.
Une fois à l’orée du bois, il prit une grande inspiration, absorbant l’odeur de fraîcheur qui se dégageait de la nature. Puis, il entra dans la forêt. Après quelques heures de marche, la voûte céleste s’illumina, petit à petit. Il parvenait à distinguer, entre les branches et les feuilles, la Lune. Il lui semblait que le temps s’était arrêté pour lui permettre d’admirer la lumière bleutée qui se reflétait autour de lui. Malheureusement, l’astre lunaire finit par être entièrement cachée par le couvert. Alors qu’il allait s’installer pour dormir, un mince filet de lumière éclaira le sol. Il leva la tête pour voir d’où venait cet inattendu rayon lumineux, venant troubler la noirceur nocturne.
Il ne put retenir son cri. Au-dessus de lui dansaient des silhouettes semblables à des fantômes. Les avertissements de son père lui revinrent en mémoire. Pourtant, il ne reconnaissait aucun des visages. Il s’approcha doucement, ne sachant que faire, comment les approcher. Les silhouettes s’éloignaient, il tentait de les suivre, tant bien que mal. La surface du sol, parsemée de racines, de branches et de feuilles humides, rendait sa progression difficile. Toutefois, la lumière qui émanait des apparitions spectrales guidait ses pas. Au loin, il voyait une chaumière entièrement illuminée. Devant cette dernière se tenait une femme. Elle semblait inhumaine, une lumière dorée l’entourant. En arrivant plus près, le jeune homme réussit à distinguer, dans la maison, des pots remplis de lumières qui voletaient.
Durant les hivers qui suivirent, lorsqu’il racontait son récit à des amis, assis dans une pièce éclairée par des lucioles, il trouva un surnom à la dame. Cette mystérieuse femme, elle s’appellerait désormais la «Déesse des mouches à feu».